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Focale sur le deuxième critère d’évaluation : la parentalité

Cet article se veut présenter un état de la démarche d’évaluation, particulièrement sur le Critère 2 du programme : la parentalité.

Nous y présentons d’abord quelques résultats d’investigation à retenir, puis nous approfondirons à partir de ce que nous appelons des « vignettes », c’est-à-dire des exemples concrets s’étant vécus dans les lieux d’animation de Respirations.

Synthèse :

  • Les relations Parents-Enfants sont alimentées positivement par le fait de vivre des types de relations facilitatrices du lien.
  • Les activités Respirations peuvent contribuer aux relations au sein de la cellule familiale en permettant à ses membres de venir ou pas tou-te-s ensembles.
  • Rétroactivement, cela peut avoir des effets positifs au sein des foyers : familiaux comme des lieux de vie communs (C4).

Phénomènes cliniques observables :

  • Renforcement du processus de parenté, de filiation et transmission
  • Accompagnement de l’« accordage affective » mère enfant (Stern)
  • Création d’un « espace potentiel » (Winnicott) de jeu entre la mère et l’enfant par le biais de l’expérience culturelle ;
  • Renforcement des compétences de la mère à « caregiver » (Bowlby), c’est-à-dire la fonction du prendre soin de soin enfant par la construction d’un environnement stable.
  • Guidance parentale étayé par une activité ludique.

Vignettes illustratives

Programme Évasion Numérique : médiation culturelle (numérique et présentielle)

Ce dispositif permet de dépasser les frontières territoriales, économiques et sociales promouvant l’initiation des publics à l’usage du numérique à l’intérieur d’une démarche artistique interactive sur l’ensemble du territoire.  Cet atelier a permis de créer une régularité qui donne envie de : « continuer à suivre », « d’aller chercheur d’autres spectacles ». Son mode de fonctionnement mixte, a permis de garder le lien avec les familles en temps de confinement.

« La médiation culturelle numérique est un ingrédient magique, un espace à la fois privé et public ! ». Conrad, pianiste

Les ateliers de musique et de conte, semblent être des potentialisateurs de manifestation culturelle et aussi des espaces facilitateurs de transmission orale de culture (de la petite et de la grande histoire) des parents à leurs enfants.

Les ateliers de contes sont des indicateurs de comment la médiation culturelle numérique peut réveiller :

  • une mémoire étayée par le support immatériel, le conte ou chanson qui la réveillent
  • une histoire qui s’élabore 
  • et le désir transmission, de mère à l’enfant, sur le pays d’origine.

Vignette : À la fin d’un atelier de contes, une maman camerounaise demande à raconter à conteuse et à sa fille un conte du Cameron.

À la fin de l’atelier musique, une mère dit que la semaine d’après, c’est la fête d’indépendance de l’inde et qu’elle aimerait jouer une chanson pour sa fille.

La médiation culturelle produit une interaction avec le public, par le biais d’une expérience partagé et qui permet au public de s’approprier d’un univers culturel à la fois intime et partagé.

Atelier aquarelle

L’activité « Atelier Aquarelles » est une action toulousaine intégrée au projet « Savoir habiter, savoir s’habiter, savoir habiter le monde ». Animé par une artiste, Amandine, du réseau Cultures du Cœur, cet atelier a pour vocation l’expression d’émotions et de ressentis, entre l’individuel et le collectif ; ainsi que le développement de techniques artistiques et créatives. L’atelier se déroule en extérieur, sous un patio, et réunit parents et enfants autour d’une même table où sont disposés les outils nécessaires à sa conduite. Les moments jonglent, entre création par soi et pour soi, l’expression de son « intériorité », et le partage d’avis, de ressentis puis de créations. La socialisation des émotions par la création, artistique et plastique notamment, est une voie pertinente pour l’installation de sentiments communautaires, de mieux-être ensembles, et pour contourner les difficultés ou différences linguistiques (orales comme écrites). L’art a permis à l’accompagnatrice de situer des éléments d’informations jusqu’ici non-perçus et complémentaires de ses propres analyses et méthodes de travail (Bilan été RESPIRATIONS – ESPOIR, in Nuage Respirations). L’atelier s’est déroulé au mois d’Août 2020.

La mémoire de travail est intimement liée à l’emplacement de l’attention. L’attention est une sorte de fenêtre sur le monde extérieur et sur le monde intérieur (Zylowska), elle est symboliquement qualifiée. Certains enfants et parents ont eu des difficultés de régulation de l’attention en début de l’atelier. Le support ludique que l’activité de l’aquarelle propose, peut permettre à l’enfant et aux parents de découvrir une nouvelle capacité de concentration sur son monde intérieur et sur une tâche extérieure ensemble.

Cet exercice peut avoir des impacts sur la capacité de l’enfant et des parents à focaliser l’attention, en améliorant leur mémoire de travail et réussite éducative. Amandine (animatrice de l’atelier) a travaillé également à accueillir et nommer les émotions ressentis au long de l’atelier. « On crée avec les émotions » (notes échange téléphonique 05/10/20). Nommer, objectiver, localiser et circonscrire un sentiment le rend moins débord pour l’enfant. L’atelier a permis de construire un environnement contenant des émotions par le biais de l’art. Il peut s’inscrire comme une sorte de « médiation de pleine conscience », permettant aux enfants et aux parents de trouver ensemble des clés pour mieux faire face à la gestion d’émotions et de la concentration.

L’expérience culturelle peut créer des nouvelles aires de jeu et de communication parents-enfant, qui se trouvent en train de partager une activité non hiérarchisée, dans laquelle tous les deux sont créateurs et se redécouvrent. La connexion et le partage du monde ludique de chacun peut ouvrir une brèche vers d’autres moyens de communication. Pour certaines familles présentes à l’atelier, ça a été la première fois qu’ils se retrouvaient à faire une activité artistique ensemble (notes échange téléphonique avec Amandine 05/10/20).

Projet Tessellations ou projet « Hors les murs »

Le projet Tessellations ou projet « Hors les murs » revient à la co-construction d’une « œuvre

monumentale » pour reprendre les termes, afin de raire co-exister dans un même ensemble artistique différents quartiers, et différentes personnes. Les ateliers de constructions sont dans plusieurs endroits différents de la métropole du Mans et ses agglomérations. Plusieurs associations, structures et établissements ont participé à l’animation et la communication-relayage du projet, de façon à « toucher » le maximum de personnes. De la mixité sociale, intergénérationnelle et socio-culturelle au développement artistique et scientifique, ce projet met l’ensemble des participant-es sur une même place, à savoir celle de co-participant-e. Les différentes évaluations (films, documents, expressions spontanées) permettent de rendre compte d’un vécu fort et étendu dans le temps des 2 mois d’été.

Avoir une pièce à soi : Dans ce moment où le partage des espaces s’avère si intense en raison du confinement, l’atelier Tessellations travaille l’être ensemble, le construire et composer ensemble tout en gardant sa propre trace. Garder sa propre trace et être dans le collectif est un moment d’intime et partagé. Être ensemble, composer une pièce collective, toute en étant soi-même.

Le partage d’un centre d’intérêt et activité commune à partir d’un support ludique, renforcement de la transmission des savoir entre trois générations (transgénérationnels), il s’agit d’une découverte collective. Les parents sont en position d’apprentissage aussi et de transmission des techniques de dessin et de travail avec le bois.

« Je suis très contente de faire participer mes enfants à la vie du quartier, j’habite depuis longtemps ici, et je vois que le quartier commence à vivre. C’est une grande joie pour tout le monde. L’activité est super, moi j’adore et je participe. J’ai un grand plaisir à voir mes enfants et ma mère, à prendre plaisir à travailler les matières, les couleurs…une planche de bois peut être tout anodin, mais c’est une nouveauté pour eux…puis rencontrer des artistes, des gens qui ont l’air investi dans le social » 12 (participante, Bellevue, 24 juillet)

CULTURES EN MOUVEMENT : 2 EXEMPLES

Cet atelier s’inscrit dans le projet de la Loire Atlantique « Cultures en mouvement ». En partant du mouvement (balades urbaines, rando, bateau, Petit train) comme action locomotrice et culturelle, l’atelier vise à accompagner les personnes dans la découverte du patrimoine local, à partir des ressources présentes sur le territoire. Le choix des quatre parcours proposés reposait en partie sur des échanges avec les travailleurs sociaux et en réponse aux envies émises par les familles :

1. Atelier cuisine, repas partagé & Balade en bateau le long de l’Erdre (20 personnes)

2. Visite de Nantes en Petit Train, visite du château et spectacle jeunes publics (a très bien

marché, a été refait une deuxième fois)

3. Visite d’une ferme pédagogique et animations scientifiques (24 personnes familles)

4. Activités créatives en plein air et médiation culturelle autour d’un spectacle. (Activité

annulée)

Ces ateliers mettent en valeurl’importance pour la mère et l’enfant de se voir dans un autre environnement, un environnement sécurisant pour tous les deux.

La mère est revalorisée pouvant apporter à son enfant un moment de loisir. L’accompagnement des équipes peut renforcer les compétences de la mère à « caregiver » (Bowlby), c’est-à-dire, la fonction du prendre soin de soin enfant. Les contextes de vulnérabilité sociale et instabilité, peuvent capter l’attention de la mère à l’extérieur de la relation. L’enfant risque de vivre une expérience de non-mirroring (Bowlby), qui peut entraver sa capacité à se représenter, son sentiment d’existence et à donner un sens à son monde psychique interne et celui de l’autre. L’enfant existe dans le regard de la mère ou de la figure qui prend soins de lui. Les activités de partage d’émotion et des sensations entre les mères et les enfants – dans un contexte où tous les deux se sentent en sécurité – peuvent permettre de rétablir un « accordage affective » (Stern).

Après une longue période de confinement, la sortie de vacances peut étayer la construction d’une spatialité tierce entre la mère et l’enfant. Nous pouvons observer, au début de la sortie, les enfants très accrochés à leurs mamans. Dans l’enchainement des photos, l’enfant peu à peu s’intéresse à l’environnement. Il quitte les bras de la mère pour piloter le bateau. Nous pouvons imaginer que cette expérience culturelle, ouvre le chemin vers le renforcement de la « capacité de l’enfant à être seul » et « la capacité de vivre créativement » (Winnicott).

Rédactrice : Lorenza Biancarelli

@ : jecontactelaresh@gmail.com